
Traduction et néologismes, un débat toujours ouvert
La traduction de néologismes est un défi très important et complexe pour les traducteurs, puisque les langues vivantes ne cessent de créer de nouveaux mots ou d’en emprunter à d’autres langues. Plusieurs techniques de traduction peuvent être utilisées au moment d’aborder un néologisme.
La langue, ce merveilleux outil dont l’évolution a doté l’être humain pour lui permettre de faire un pas de géant dans son développement et son expansion comme espèce dominante, est en permanente transformation. La société technologique a propulsé les changements auxquels sont systématiquement soumises les langues pour leur permettre de véhiculer rapidement les besoins de communication entre les individus. Les néologismes sont en quelque sorte l’une des marques les plus évidentes de ce dynamisme transformateur, parfois presque frénétique. Pour les traducteurs professionnels, ils représentent un défi supplémentaire auquel ils doivent faire face dans leur travail. L’une des questions les plus fréquentes est de savoir si l’on doit ou non traduire les néologismes. Voyons ce qu’il en est. Les néologismes (du préfixe grec néo-, « nouveau » et du terme logos, « parole ») sont les expressions ou les tournures linguistiques ou les mots nouveaux introduits dans le lexique d’une langue. Ils peuvent être de plusieurs types et avoir plusieurs origines. Par exemple, il existe les néologismes de forme (construits à partir de mots déjà existants dans la langue), les néologismes sémantiques (lorsqu’un mot existant acquiert un nouveau sens dans un domaine différent), les xénismes (lorsqu’ils proviennent d’autres langues) ou les barbarismes (les mots mal prononcés dans une langue acquièrent une entité propre et sont finalement acceptés).
La traduction fait face aux xénismes selon des critères différents : le terme original peut être maintenu, l’acception existante de la langue cible peut être utilisée, la signification du mot qui forme le néologisme peut être calquée littéralement, ou l’on peut rechercher une équivalence de sens.
Parmi tous les types de néologismes existants, la traduction fait face à des xénismes concrets selon des critères plutôt disparates. En principe, il est admis que si le néologisme se trouve largement intégré dans la langue cible et que les usagers connaissent et comprennent sa signification, le terme original peut être maintenu (de nos jours, tout le monde sait ce qu’est un tsunami ou un smartphone). Cependant, si un tel mot possède une acception dans la langue cible, il est recommandé — parfois avec insistance — par les institutions académiques d’utiliser cette dernière (par exemple, courriel au lieu d’e-mail). Dans d’autres cas, il est préférable de calquer littéralement le sens des néologismes et de les utiliser pour former de nouveaux mots dans la langue cible, puisqu’ils seront ainsi plus faciles à prononcer ou tout aussi courts et simples que les originaux. Par exemple, en français, on dit gratte-ciel au lieu de skyscraper ou souris au lieu de mouse. Ainsi, certaines fois, on préfère rechercher un sens équivalent qui fonctionne dans la langue cible.
Il n’existe pas une seule et même stratégie pour traduire les xénismes. Beaucoup de traducteurs les laissent dans la langue d’origine, alors que d’autres emploient des équivalents présents dans la langue cible. L’important est que le résultat soit un terme fluide, précis et facile à comprendre.
Il semble donc ne pas exister de doctrine suffisamment solide pour définir la stratégie la plus adaptée pour traiter cette question. Beaucoup de professionnels choisissent de maintenir les xénismes dans leur forme originale, d’autres cherchent des équivalences, mais l’essentiel sera toujours de veiller à ce que le résultat soit une construction fluide, épurée, rapide et facile à comprendre, sans lésiner sur la précision ou la concision.